Le Wydad a adressé un courrier à la CAF par la voix de son secrétaire général, Mr Maati Warit. Ce rapport y dénonce les conditions d’accueil de la délégation Wydadi ainsi que de ses supporters dont neuf sont toujours détenus et maltraités par la police Tunisienne comme des ennemis d’état.
Monsieur le Président de la Confédération Africaine de Football
Objet : Rapport sur les Incidents ayant emmaillé la Finale de La Champions League Orange
« CL2011 » // Match EST//WAC du 12/11/2011
Monsieur le Président,
Nous avons l’honneur de porter à votre connaissance que le déroulement du match retour de la Finale Champions League Orange « CL 2011 » qui a opposé notre équipe, le WAC, à l’Espérance Sportive de Tunis le 12 Novembre 2011 dans la capitale tunisienne a connu des moments d’horreur indescriptibles.
Monsieur le Président, nos malheurs ont commencé dès l’arrivée à l’aéroport de Carthage de notre délégation officielle et des supporters Wydadis qui ont tenu à faire le déplacement pour encourager leur équipe.
A l’aéroport nous avions été accueillis par des paroles et des actes blessants et injurieux qui dépassent toutes les bornes de la provocation et de la honte et ce, de la part de certains éléments du service d’ordre tunisiens et de membres de la puissance publique tunisienne.
Après cette douloureuse et humiliante entrée en matière, nous fîmes autorisés à quitter l’aéroport de Carthage pour embarquer comme des bêtes dans des autocars.
Monsieur le Président, ceux parmi nous qui avaient vécu le même drame de provocation et d’outrances durant la Finale de la Coupe Arabe entre le WAC et l’EST en Juin 2009 à Tunis savaient ce que présageait ce douloureux préambule lors de notre entrée et notre sortie du stade.
Notre arrivée au stade fut, par la rudesse, la verdeur de langage, la provocation et la menace de la force publique tunisienne, indescriptible d’intimidation, de panique et d’effroi. Nulle part ailleurs durant notre long parcours à travers le continent africain, nous n’avons assisté à un si désolant spectacle qui fut pour nous un véritable cauchemar. A cela, s’ajouta lorsque nous fûmes autorisés à pénétrer dans l’enceinte du stade après une attente injustifiée de plus d’une heure et demie, une fouille avilissante et exempte de décence et de pudeur.
Monsieur le Président, nous tenons à souligner que durant la réunion technique d’avant match tenue le Vendredi 11/11/2011 et à laquelle assistaient :
· Le Commissaire du match/CAF
· Le Coordinateur du Match /CAF
· L’Officier de Sécurité /FIFA
· Le Vice Président de la Fédération Tunisienne de Football
· Le Président de l’Espérance Sportive de Tunis
· Le plus Haut Gradé de la Police de la ville de Tunis, chargé de l’organisation et de la sécurité du match
· Les représentants du Wydad Athletic Club.
toutes les assurances nous ont été données pour la sécurité totale et entière de toute notre délégation y compris celle de nos supporters et pour les espaces destinés aux membres de notre délégation officielle.
Hélas ce ne furent que des paroles trompeuses et mensongères car notre délégation traitée comme des chiens s’est vue contrainte de chercher, quand cela était possible, une place au milieu d’une foule hostile et entièrement acquise à la cause de son équipe au lieu de se voir installée, comme cela est le cas dans toutes les grandes manifestations, dans des endroits réservés aux hôtes de référence.
Monsieur le Président, lors de la finale aller à Casablanca, nous avons fait de l’accueil et du confort de nos hôtes notre soucis majeur , nous avons mis à leur disposition des espaces déterminés et choisies par eux dans le stade pour leur public et une tribune officielle strictement réservée à leur délégation pour suivre le match en toute quiétude et sérénité sans compter la grande réception que nous avons organisée en leur honneur. Nous sommes fiers de souligner qu’aucun incident de quelque nature que ce soit ne fût relevé et l’ensemble de nos hôtes dirigeants et public rejoignirent l’aéroport seins et saufs pour le départ vers leur pays.
Par ailleurs, il nous parait de la plus haute importance pour votre information, que les fumigènes qui ont éclaté durant le déroulement de la rencontre, étaient sans conteste, l’œuvre de certains supporters tunisiens mêlés frauduleusement à nos supporters, pour la simple raison que les nôtres furent minutieusement fouillés par les forces de l’ordre aussi bien à leur arrivée à l’aéroport de Tunis qu’à leur accès au stade.
Quand à nous, notre sortie de terrain à la fin du match releva de l’exploit tant les forces de l’ordre donnèrent le signal d’une charge minutieusement orchestrée mettant en évidence un acharnement impitoyable à connotation haineuse, durant laquelle un journaliste fût gravement blessé et délesté de son appareil photos. Ce fut un spectacle douloureux et insupportable de voir les supporters du WAC baigner dans leur sang, entassés dans un hangar et empêchés pour toute velléité de fuite, par des jets de bombes, fumigènes et lacrymogènes. Nous avons été bastonnés, délestés de tous nos objets par les forces de l’ordre : montres, gourmettes, bagues, GSM et caméras dans le but d’éliminer toutes traces susceptibles de révéler au grand public le film de ces atrocités devenues des vecteurs orientés et à géométrie variable dans la répression et la violation des droits humains.
Durant tout le chemin menant à l’aéroport, nous avons été poursuivis par des bandes de supporters tunisiens qui nous ont maintenus sous leur joug malgré la présence de deux petits véhicules de police en utilisant tous les moyens pour porter atteinte à notre intégrité physique : coups de battons, jets de pierres ou de tout autre projectile.
Monsieur le Président, vous n’êtes pas sans savoir que les règlements de la FIFA imposent à l’équipe reçevante l’obligation du bon accueil et de la protection de l’adversaire avant, durant et après le match.
Or, dans l’enfer que nous avons vécu durant cette Finale onze (11) de nos supporters ont été arrêtés et écroués dans des conditions inhumaines. Seuls deux (2) d’entre eux ont été libérés pour cause de maladies graves et le reste est toujours maintenu en prison.
Monsieur le Président, ces douloureux événements nous laissent songeurs et perplexes à l’idée d’imputer ces horreurs aux forces de l’ordre d’un pays ami que nous respectons et que nous aimons, nonobstant les terribles péripéties que nous avons vécues et qui resteront hélas inscrites dans l’histoire.
Du fond de notre désarroi et de notre profonde amertume, nous ne pouvons nous empêcher de réaliser combien il est pénible, voire inimaginable de voir l’administration d’un pays ami soutenir les arguments de la mauvaise foi et de la répression aveugle et injustifiée.
Cherche-t-elle à souiller l’image de perfection sous laquelle nous nous plaisions à contempler ce beau pays.
Monsieur le Président, l’avenir ne nous appartient pas, mais s’il s’y prête, nous vous engageons à croire que nous saurons dans la perspective d’une confrontation sportive avec nos frères tunisiens chez nous, puiser dans les racines légendaires de notre culture pour apporter une fois encore la preuve éclatante de la convivialité, de l’hospitalisé, du respect d’autrui qui ont fait, depuis la nuit des temps, du Royaume du Maroc une terre d’hommes de tolérance ainsi qu’un confluent de civilisations.
P.S.
Monsieur le Président, nous avons été destinataires en date du 14 Novembre 2011 d’un courrier qui indique que le vol AT573 de la RAM reliant Tunis à Casablanca a quitté l’aéroport de Carthage avec un retard de 2heures et 46 minutes. Ce message fait mention de l’interpellation de onze personnes parmi les passagers du vol par la police de l’aéroport. Il s’agit de supporters Wydadis qui ont raté le départ de l’avion à cause de leur détention par la police portuaire. Ce qui a conduit l’Ambassade du Maroc à demander l’ouverture d’une enquête pour toutes les agressions dont ont été victimes les supporters marocains par la police tunisienne.
Le Secrétaire Général
Maati WARIT
